Loin des circuits traditionnels de la sécurité routière, un commerce illégal prospère dans l’ombre : acheter des points de permis de conduire. Alors que la loi se montre de plus en plus stricte sur le respect des règles de conduite, de nombreux conducteurs en difficulté cherchent à contourner le système. Grâce à des vendeurs de point de permis de conduire opérant en toute discrétion, la fraude est devenue une réalité banale pour des milliers de Français désireux de conserver leur précieux permis.

Les plateformes de petites annonces et les réseaux sociaux cachent, derrière des pseudonymes anodins, des vendeurs bien rôdés dans cette pratique illégale. Parmi eux, "Patrick-Récup", un pseudonyme derrière lequel se cache un réseau bien organisé. Ses services ? Proposer à ceux qui ont perdu leurs points de permis de les racheter à des conducteurs volontaires, souvent des retraités ou des personnes sans véhicule, prêts à sacrifier leurs points pour un peu d’argent. "C’est simple et efficace", raconte "Patrick-Récup" dans une conversation cryptée. "Pour 200 euros par point, vous pouvez retrouver votre permis. Peu importe l’infraction."

La méthode est efficace. Le client, ayant besoin de retrouver rapidement des points, contacte un vendeur de point de permis de conduire. Le prix est fixé selon le nombre de points à transférer : 500 euros pour deux points, jusqu’à 1500 euros pour huit points ou plus. Une fois le paiement effectué, généralement par virement ou en liquide pour garantir l’anonymat, le vendeur s’occupe de transférer les infractions sur le permis d’un volontaire. Ces volontaires sont souvent appelés "mules" et acceptent les points perdus contre une compensation financière – environ 50 à 100 euros par point. Une fois le transfert réalisé, le conducteur initial voit son permis "nettoyé" et ses points récupérés.

Ce business s'est développé grâce à des failles dans le système. Après une infraction routière, un conducteur reçoit une lettre l'informant de la perte de points associée. Si ce conducteur déclare que quelqu'un d'autre était au volant, alors les points sont transférés sur le permis de cette personne, après quelques vérifications d’usage. Mais certains vendeurs de point de permis de conduire profitent de cette faille pour transférer les points vers des personnes prêtes à accepter ces infractions contre de l'argent. "On gagne notre vie en aidant les gens à garder leur permis. C'est gagnant-gagnant", explique "Lucien-Traffic", un autre vendeur bien connu sur les forums spécialisés.

Il y a des histoires derrière chaque transaction. Anne, 34 ans, mère de deux enfants et commerciale, avait perdu tous ses points suite à des excès de vitesse répétés. Risquant de perdre son emploi si elle se voyait retirer son permis, elle a contacté un vendeur de point de permis de conduire après avoir entendu parler de cette pratique dans son entourage. "J'étais désespérée. J'ai payé 1200 euros pour récupérer six points. En une semaine, tout était réglé. J'ai conscience que ce n’est pas légal, mais sans permis, je perdais mon boulot", confie-t-elle.

Les vendeurs utilisent des canaux multiples pour trouver leurs clients. Des groupes Facebook privés aux plateformes de messagerie chiffrée comme Telegram ou WhatsApp, ils publient des annonces sous des termes innocents comme "solution permis" ou "aide permis rapide". Les discussions se font dans le plus grand secret, et les transactions sont souvent rapides, assurant une discrétion totale pour les clients et les vendeurs.

Les autorités tentent de réagir face à cette fraude croissante. Des enquêtes ont été ouvertes pour démanteler ces réseaux de vendeurs de point de permis de conduire, mais le marché reste très actif. "Les fraudeurs connaissent bien les failles du système", admet un agent de la sécurité routière. "Pour chaque vendeur arrêté, d’autres prennent la relève. C'est un vrai fléau, car cela met en danger la sécurité sur nos routes."

En attendant, les conducteurs continuent de chercher des moyens de contourner les lois, et les vendeurs de point de permis de conduire profitent de cette demande croissante. La facilité avec laquelle il est possible d’acheter des points de permis de conduire, de les transférer en toute discrétion, et de reprendre la route sans crainte de perdre son permis, nourrit un marché noir qui semble encore avoir de beaux jours devant lui.